Comment trouver des fournisseurs parfaits pour vos créations artisanales ? Interview avec Paul, expert en sourcing

J’ai eu la chance de recevoir Paul, lors d’une interview en live sur Instagram, qui a accepté de venir nous parler de sourcing. Il est spécialisé pour les petites entreprises et va pouvoir vous donner plein de conseils adaptés à votre activité !

Ensemble nous abordons, les étapes clés pour faciliter vos recherches de fournisseurs, les astuces pour trouver l’équilibre entre qualité et rentabilité, la façon de construire une vraie relation avec vos fournisseurs et les moyens de s’assurer que les produits soient conformes et éthiques.

Une interview riche en informations où Paul livre ses meilleurs conseils et partage son expérience avec nous, pour vous aider à trouver les fournisseurs parfaits de vos créations artisanales ! Si vous préférez voir la version en live, cliquez ici !

 

Petite présentation ! Qui est Paul ?

Je suis Paul, le créateur de la Boîte à Fournisseurs. C’est une agence de sourcing et de développement de produits. On aide à trouver des fournisseurs fiables et à développer des produits de qualité en Europe.

Nous, on est vraiment focalisés sur l'Europe parce que écologiquement et relationnellement, c'est mieux. Ça fait près de dix ans que je fais ça et le résultat qui en est sorti, c'est que en Europe, c'est beaucoup plus facile, en tout cas, lorsqu'on a une très petite entreprise.

Quelle méthode pour mener à bien ses recherches ?

Oui, il y a une méthodologie. Moi, je dis toujours, rechercher un fournisseur, ce n'est pas juste aller sur Google. Je pense que c'est d'ailleurs pour ça que la majorité des gens galèrent avant d'en trouver un. Ce n'est pas ça la méthodologie. En fait, il y a une préparation.

La recherche de fournisseurs, c'est 80% de préparation et 20% d'action. Beaucoup passent à l'action juste en allant sur Google, ils cherchent, ils ne trouvent pas. Ça peut durer des semaines, ça peut durer des mois. Mais même avec une réponse du fournisseur, ça ne matche pas. Parce que tout ce qui devait être fait avant, n'a pas été fait.

Pour procéder, il y a plusieurs étapes. Premièrement au niveau du produit, c’est savoir exactement ce que vous voulez. Un fournisseur, c'est un entrepreneur qui est chargé, qui n'a pas le temps, qui a un outil de production à faire tourner. Il doit faire des ventes et avoir de nouveaux clients, mais le filtre se fait très rapidement avec les fournisseurs.

Savoir ce que vous voulez, ça passe par tout ce qui est étude de marché, réglementation, cahier des charges, détails techniques, etc. Ça se voit directement, quand quelqu'un est clair, qui sait ce qu'il veut et si son produit a l'air intéressant pour bosser dessus ou pas. Dès que vous allez envoyer un mail, appeler un fournisseur et lui parler, il va le sentir directement.

Je ne demande pas que ce soit à 100%, parce qu'il y a des ajustements à faire. Les fournisseurs vont vous conseiller sur d'autres aspects qui pourraient être meilleurs. Mais au moins, la base doit être connue du fournisseur. Vous devez être crédible avant d'aller contacter un fournisseur parce qu'il a l'habitude de travailler avec des gens qui sont beaucoup plus gros que nous.

Il faut, comme on dit souvent, « fake it until you make it ». Même si vous êtes un petit, donnez l'impression que vous connaissez votre sujet, que vous avez une vision, de l'avenir et que vous savez ce que vous voulez. C'est ce qui fait en sorte que ça marche rapidement avec les fournisseurs qui vous répondent.

Quels sont les meilleurs canaux pour découvrir de nouveaux fournisseurs ?

Oui, il y a des canaux spécifiques. Et si on se focus sur les petites structures, je vais dire un truc, ça va faire mal, mais il faut se bouger un peu. Parce que le défaut des très petites entreprises, c'est qu'elles sont derrière leur ordinateur, leur clavier ou derrière le téléphone. La vraie vie se passe hors du téléphone. Ça se passe vraiment dehors.

Faites des salons, faites des événements, allez parler à des gens qui font des événements où il y a des gens qui sont similaires, qui font des activités similaires ou qui se rapprochent de vous. Parce qu'il y a des personnes qui sont très bienveillantes, qui ne vont pas hésiter à vous partager des fournisseurs. Déjà dans le même secteur que vous, il y a des personnes qui l'ont fait.

Moi, j'ai assisté à des salons où ça se faisait. « Ah, tu veux faire ça ? Je te conseille untel. Ah, tu as des problèmes en logistique ? Je te conseille untel. » Allez à des salons, c'est là où vous allez découvrir beaucoup de nouveaux fournisseurs que vous ne trouverez pas sur Google. Parce que le problème des fournisseurs, c'est que ce sont des gens qui sont old school.

Ce ne sont pas des jeunes, ce ne sont pas des générations Z ou Y. Ce sont des gens qui ont l'habitude de travailler avec des clients depuis très longtemps. C'est généralement des entreprises familiales. Parfois, ils n'ont même pas de beaux sites Internet. Tu as des fournisseurs qui sont très bons, mais avec un site Internet qui vous ferait fuir.

Par contre, si vous le rencontrez sur un salon, que vous parlez avec lui, vous allez matcher parce que vous savez que ce fournisseur est capable. La plupart des clients qui viennent chez lui, se fait par recommandation. Vous allez louper peut-être une opportunité.

Donc, pour les petites entreprises, servez-vous de votre réseau. Si vous n'en avez pas, sortez, faites-en, faites des salons, faites des événements qui concernent votre secteur. Et c'est là que vous allez trouver des petits fournisseurs qui sont capables de vous aider et de vous aiguiller.

Et quand vous faites des salons, arrêtez d'envoyer des mails, appelez les gens. Les fournisseurs aiment beaucoup le contact humain. Ils aiment le téléphone, parler en face à face avec les entrepreneurs, avec les entreprises.

Pour trouver finalement des fournisseurs de confiance, parce qu'il y a aussi cette partie qui est hyper grande, surtout quand on est potentiellement seul dans son entreprise. Les salons, le réseau et les recommandations, je pense que c'est un gros point.

Bien évidemment, il y a Google, mais je le mets en dernier. C'est le truc qui va être le plus énergivore pour vous. Ça peut payer, ça paye. Google reste une manne d'information, mais tellement que... On trouve de tout. Il y a tellement d'informations que c'est dur de démêler le bon du mauvais.

Et puis, il faut savoir comment chercher, avec les bons mots clés. Petite astuce, il faut parler anglais. Et Google Traduction est un très mauvais traducteur ! Mais il faut savoir faire des recherches en anglais.

Comment réduire ses coûts pour commander de petites quantités ?

Alors il y a deux types de stratégies. Quand on est une très petite entreprise, il faut faire un choix ou prendre un risque. C'est la malédiction des petites entreprises ou des artisans. Soit vous allez chez des fournisseurs qui proposent de très petites quantités, soit vous décidez de partir sur la MOQ (minimum of quantity, minimum de quantité).

Généralement les petites quantités chez les fournisseurs, où vous pouvez avoir un prix qui est plutôt attractif, ça commence entre 100 et 300 pièces. Quand vous êtes entre 300 et 500 pièces, vous commencez à être bien en termes de prix. Quand vous dépassez les 500 pièces, là vous êtes encore mieux.


Soit on choisit d'aller sur des matières et des matériaux standards. Matériaux standard ne veut pas dire non qualitatifs. La qualité dépend du processus et non de la standardisation. Vous avez de très belles matières qui sont standards chez un fournisseur. Il y a possibilité d'avoir des petites quantités.

Si vous allez sur du private label, c'est-à-dire de la marque blanche ou du standard, là vous pouvez aller sur des MOQ qui sont en dessous de 50. Il y a des fournisseurs qui n'en font pas du tout et vous pouvez acheter 1 pièce, 10 pièces, 20 pièces… C'est le même coût, parce qu’il l’a déjà rentabilisé vu que c'est standardisé, il a l’habitude de le faire.


Soit vous faites le choix de prendre un risque si ce que vous voulez est très spécifique. À partir du moment où vous rentrez dans du spécifique, vous demandez à un fournisseur de changer son organisation. Donc ça a un coût.

Il y a déjà ce qu'on appelle un « time setup », c'est-à-dire qu'il va arrêter sa machine pour faire votre production. Chaque minute lui coûte de l’argent, lorsqu'il arrête sa machine, qu’il l’a purge, qu’il l’a rallume et le temps de commencer à faire la première pièce bonne, il se passe également du temps qui va être coûté.

C'est ça qui fait que le prix varie par rapport à quelque chose de standard ou quelque chose de spécifique. Donc à partir du moment où vous rentrez sur du spécifique, vous prenez un risque en vous disant « bon bah écoute, on va prendre le MOQ des fournisseurs et on va se débrouiller pour tout vendre ».


Après il faut être honnête, lorsqu'on se lance et qu’on veut voir si le business fonctionne, il faut vendre avec des bonnes quantités pour pouvoir appliquer les bons prix. Parce que si vous achetez en très petite quantité, vous allez sourcer très cher et du coup vous allez vendre très cher. Vous n'allez peut-être pas rencontrer la demande que vous voulez.

Par contre si vous vous dites « je prends un risque, je vais prendre 500 pièces », supposons qu’on arrive à un coût compétitif et qui retranscrit la réalité du marché et peut-être la réalité de vos concurrents, vous allez arriver sur un prix qui est valable pour le marché, où le consommateur peut se dire « ok à ce prix là j'achète ».


Lorsqu'on a une très petite entreprise, il faut se rendre compte de son statut. Vous êtes une très petite entreprise, le marché est là au début pour se faire connaître, pour faire connaître son produit.

Les gens vont rester chez vous parce que le produit sera de qualité, à partir de ce moment-là, vous allez engranger une nouvelle demande, vous allez engranger du réachat et derrière vous allez pouvoir augmenter les quantités chez votre fournisseur.

C'est comme ça que moi je vois les choses, en tout cas chez les très petites entreprises, du moins entre 0 et 3 ans. Après celles qui sont là depuis, elles ont généralement des fournisseurs avec qui elles bossent depuis longtemps.


Que penses-tu des commandes groupées ?

C'est une très très bonne idée. L'idée est géniale en fait. De se dire ok on est concurrent mais on s'associe parce que on veut faire baisser les coûts des matières premières, c'est une très bonne idée, autant le faire.

Je vais vous donner juste un exemple, quand vous allez chez Leclerc, chez Carrefour, ou chez Lidl, tout ce que vous voyez les marques distributeurs (Le Pouce pour Auchan, par exemple) et bien toutes ces marques viennent des mêmes fournisseurs qui les fabriquent. Vous achetez chez Auchan, d'autres vont acheter chez Leclerc ou chez Lidl !

Chacun n'a pas le même positionnement, chacun n'a pas le même packaging, chacun ne raconte pas la même histoire. Un client ne va pas acheter parce que c'est du standard, il y a autre chose. Le même produit, je peux le trouver dans deux boutiques différentes et décider d'acheter dans cette boutique-là plutôt qu'une autre.

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Que penses-tu de la pré-commande ?

La précommande c'est tout simplement de faire une commande auprès d'un fournisseur, en fonction des ventes que l'on obtient. De fonctionner en flux tendu. Vous avez reçu un échantillon du produit, vous l'avez validé, vous prenez des photos, vous mettez sur votre site internet, c'est disponible et les gens achètent avant que le produit ne soit là.

En fonction des quantités que vous avez eues, vous allez chez le fournisseur et vous dites, « écoutez, là j'ai 500 pièces de l'échantillon qu'on a validé ensemble, il faut que vous fassiez les 500 pièces ». Ça réduit fortement les facteurs risques.

On l'a fait avec un client, juste avant, on a pris le produit, on l'a validé, le fournisseur a fait des échantillons, on a fait des photos, on a mis sur le site, les gens ont précommandé et après, quand il avait les fonds, il a lancé la production chez son fournisseur et dès que la production est arrivée, il a commencé à livrer ses clients.

Oui, c'est un bon moyen quand on sait quand même derrière, qu’il y a un certain nombre de commandes aussi. Les précommandes sont bien quand on a une bonne communauté. Une bonne communauté, parce que si on a une très petite communauté, c'est un peu complexe.


Comment évaluer la fiabilité d'un nouveau fournisseur ?

Alors moi je fonctionne avec une matrice. Cette matrice est un petit tableau où je mets des critères et je les note de 1 à 5 ou de 1 à 10. Et vous pouvez faire exactement la même chose. C'est un truc que je vous donne, parce que je sais que vous pouvez le faire.

Lorsque vous sourcez, il ne faut pas s’arrêter à un seul fournisseur. C'est la règle, jamais de la vie ! Pour en avoir au moins trois dans sa shortlist. C'est le minimum et maximum cinq. Après cinq, ça fait beaucoup, c'est beaucoup de travail. Le choix est difficile. Entre trois et cinq maximum dans la shortlist.

Ça veut dire que vous sourcez en forme d'entonnoir. Vous commencez en sourçant 20 fournisseurs. Vous finissez avec la crème de la crème. Il n'en reste que trois ou cinq. Il faut en garder. C'est les meilleurs. Et comment vous allez faire cet écrémage-là ? Vous allez définir vos critères et vous poser un certains nombres de questions.

  • Est-ce que le fournisseur est facilement joignable ?

  • Est-ce que le fournisseur a compris mon besoin ?

  • Est-ce que le fournisseur parle bien anglais ? Par exemple, vous avez des fournisseurs turcs, c'est un calvaire parce qu’ils ne parlent pas bien anglais.

  • Est-ce qu'il a déjà travaillé avec des très petites entreprises comme moi ?

  • Quelle est la taille du fournisseur ? Est-ce que c'est un gros fournisseur avec qui je n'aurais aucun levier ? Ou c'est un petit fournisseur, une entreprise familiale qui est compréhensif avec des clients comme moi ?

  • Est-ce qu'il s’adapte à mon produit, donc a t’il compris le besoin ?

  • Est-ce qu'au niveau des échantillons, il est réactif ? Parce que bien évidemment, avant de lancer une commande, vous commandez des échantillons, pour vérifier. Quand il vous envoie des échantillons, comment ça s'est passé ? Parce que c'est déjà un test. Si les échantillons mettent 15 ans à arriver ou que ça arrive dans un état déplorable, il y a un problème. Ça veut dire qu'en temps normal, ça va sûrement se passer comme ça.

  • Est-ce que par rapport à mes valeurs, les valeurs de mon entreprise, est-ce qu'il y a l’éthique, la situation géographique ?

Donc voilà, c'est plein de critères comme ça que vous mettez et que vous notez de 1 à 5. Ça permet de réduire sa shortlist, de faire un écrémage. Et même si vous arrivez à un fournisseur qui a gagné la bataille, les deux autres, vous devez les garder dans votre poche. C'est pour ça qu'on dit de ne jamais avoir un seul fournisseur.

Parce que le jour où ce fournisseur là, parce que vous êtes une petite entreprise, commence à vous négliger. Vous savez que chez l'autre fournisseur, chez les deux autres fournisseurs ou les quatre autres fournisseurs que vous avez gardés, ils savent faire exactement la même chose puisque vous les avez testés avant.

Le travail de sourcing n'est plus à faire. C'est juste une relance par mail ou un petit appel pour dire « Bonjour Monsieur le fournisseur, on s'est eu la dernière fois. Maintenant, est-ce qu'on peut commander ? ». Ce sont des fournisseurs que vous allez garder, au cas où il se passe quelque chose avec votre fournisseur principal.

Comment établir une collaboration fructueuse avec des fournisseurs ?

Même si les fournisseurs sont concurrents, ils savent souvent ce qui se passe. Qui a quoi, quelle marque va chez qui... Donc, ça reste un petit milieu. C'est quelque chose qu'il faut avoir en tête.

Par exemple, des choses qui vont faire en sorte qu'un fournisseur ne vous oublie pas et qui compte pour lui, c'est quand vous l’appelez lorsque vous avez reçu une production ou que vous avez reçu des des avis positifs. Dites lui, « on a reçu des avis clients qui sont très positifs. Merci, tout s'est bien passé. Franchement, le produit est bien ».

Quand c'est moins bon, il faut le dire aussi. Il ne faut pas gueuler sur eux, mais être juste. Il y a des manières de le dire. J’ai vu des entrepreneurs qui envoient des mails à des fournisseurs. Mais ça ne va rien faire, car c'est un milieu très particulier. On ne peut pas envoyer un mail comme on l’enverrait à un service consommateur ou sur Internet.

Eux, ils ne sont pas sur Internet. Ce n'est pas leur problème. Vous allez peut-être mettre un avis sur Internet ou lui faire du mal, mais ça va vous faire plus de mal à vous, parce que les autres fournisseurs vont le voir aussi. C'est une petite chaîne et ils vont se dire que « cette marque-là, il ne faut pas bosser avec eux ».

Et de temps en temps, « vous pensez que je pourrais l'améliorer comment ? » Dans la discussion, vous le placez comme ça. Parce qu'un fournisseur avec qui vous vous entendez bien, va vous donner des pistes d'amélioration à chaque fois. Il va s’intéresser et vous aider. Et il ne faut vraiment pas délaisser ce relationnel là.

Je pense que le souci des petites entreprises, c’est qu’elles ne pensent pas à long terme. Je sais que c'est pas facile, mais dites vous que le fournisseur que vous avez choisi et avec qui tout s'est bien passé : « lui, c'est mon fournisseur, je veux que ce soit lui aussi, quand je vais devenir plus gros ». En tout cas, si vous voulez vivre de votre entreprise.

Ne délaissez pas la relation au risque d’être négligé par votre fournisseur. Sortez de chez vous, allez lui rendre visite. À partir du moment où il vous a vu, que vous avez causé, bu un café ensemble, que vous avez fait un meeting chez lui et que vous avez vu comment il bosse, tout change. Même si après, il ne vous revoit pas pendant des années !

Et parfois, moi, c'est un truc que je ne comprends pas. Tu as plein de petites entreprises qui sont en France, qui ont des fournisseurs qui sont en France ou des fournisseurs potentiels en France, mais prendre un billet de train pour aller à Lille, pour aller à je ne sais pas où, personne ne le fait. Alors que c'est pour son entreprise.

Vous ne perdez pas votre temps quand vous faites ça. Vous ne pensez pas aller chez tous les fournisseurs. Mais par exemple, tout à l'heure, on a parlé des fournisseurs qui sont sur la shortlist. Si vous allez voir les deux que vous allez garder ou celui que vous allez garder, là déjà, vous installez quelque chose, vous changez quelque chose.

Comment s'assurer que les matériaux soient durables et éthiques ?

Alors au niveau des matières premières, la première chose que vous devez regarder, c'est la traçabilité. Vous avez des fournisseurs qui font du détail et des fournisseurs qui font du gros. Ce qu'il faut connaître c’est le rang du fournisseur. Est-il de rang 1, rang 2 ou rang 3 ? Plus vous descendez de rang, moins ce sera fiable.

Je vais donner un exemple. Moi, je suis le fournisseur A. C'est moi qui vend le produit à l'entrepreneur. Sauf que moi, je me suis fourni chez un fournisseur B. Et lui, c'est fourni chez un fournisseur C. Donc moi, je suis le fournisseur du rang 3. Il y a eu le rang 2 et il y a le rang 1. Un fournisseur de rang 1 va chercher la matière première à la source.

Le rang 1, c'est le meilleur cas possible. Puisqu’ils vont par exemple se fournir directement dans des coopératives, pour les matières premières. Limite rang 2. Parce que ça peut être compliqué d'aller directement à la source dans certains pays. Mais à partir du rang 3, il y a moins de traçabilité. Ça peut commencer à être problématique.

Deuxième chose pour s'assurer que le produit est de qualité, c'est de tester. Demandez de l'échantillon et le testez. Lorsque vous avez des tests de matière première, on vous demande un échantillon, on vous envoie un échantillon. Ce que je recommande souvent, c’est de faire ce qu'on appelle un POC (proof of concept) pour un échantillon.

Ne testez pas vous-même, mais faites le tester à votre cible potentielle ou à vos proches. Si par exemple, vous êtes dans le textile et que c'est une robe pour enfant, envoyez-la à votre nièce ou au bébé de votre copine et voyez ce que la maman dit et comment la petite se sent dedans. En cosmétique, c’est pareil, faites le tester !

Les gens ont du mal à mentir, ils ne mentent pas, ils vont vous dire les choses. Ils ne vont pas mentir parce que ce n'est pas pour eux. Ils vont dire « oui, mais non, je ne l'aime pas trop ». Ils vont vous dire la vérité. Et là, vous allez savoir si le produit est bon ou pas, si vous gardez ce type de produit ou si vous ne le gardez pas.

Après il y a des labels, il y a tout ce qui est « Ecocert », il y a des entreprises qui sont maintenant bi, ce qu'on appelle le B CORP. Mais il y a énormément de labels et pour moi, on peut mettre n'importe quel label et avoir un produit qui n'est quand même pas qualifié. Ça rassure, mais un connaisseur va savoir vous dire si le produit est bon ou pas.

Si vous-même, vous connaissez la finalité, c'est-à-dire la proposition de valeur que votre produit doit apporter, si vous voulez un produit hydratant, si vous voulez un tissu qui soit de telle manière etc., qu'on vous dise que ce fournisseur-là est labellisé ou pas, quand vous avez le tissu en main, vous savez si le tissu est bon ou pas.

Donc vraiment testez et regardez s'il y a plus ou moins d'intermédiaires jusqu'à la source. Plus il y a d'intermédiaires, moins c'est fiable. Et puis plus il y a d'intermédiaires, plus le coût risque d'être élevé aussi. Chacun rajoute sa petite marge. Il doit vendre forcément plus cher que ce qu'il achète. C'est la clé, c'est la base du commerce.

Comment éviter les pièges lors de sa recherche de fournisseurs ?

Les pièges que je rencontre souvent ou que je conseillerais d'éviter, c’est de parler au premier fournisseur venu. Généralement, on passe notre temps à chercher sur Google, qui est une tâche énergivore, et ça peut prendre des mois pour trouver un fournisseur !

Et souvent, on choisit de prendre le premier qui va répondre, ou le premier qui a l'air de savoir faire ce qu'on veut : « je prends, je garde et je fais ». Ne faites pas ça. Ce n'est pas bon pour le bien de votre entreprise.

Deuxième chose, je vais me répéter, mais préparation, préparation, préparation. Pourquoi ? Parce que quand vous n'êtes pas préparé, que vous envoyez une demande, le fournisseur vous demande des précisions, vous envoyez un bout de précision, il vous redemande, vous envoyez... En fait, ça le fatigue et il va couper l'échange.

Quand vous arrivez et que vous êtes bien préparé, vous envoyez, boum, votre template, où il y a déjà un cahier des charges, que le cahier des charges soit approximatif ou pas, ça montre déjà qu'il y a du travail derrière. Vous avez fait un minimum de travail derrière.

Autre erreur à ne pas faire, c'est par exemple, si vous êtes des artisans et que vous êtes sur un produit spécifique, envoyez des NDA, des contrats de confidentialité. Alors, le contrat de confidentialité, il ne va rien faire avec, il ne va jamais donner votre design à quelqu'un ! C'est juste que ça fait sérieux.

Après, les erreurs qu'il peut y avoir, c'est au niveau du calcul des coûts. Tu as plein de petites entreprises qui ne sont pas rentables, mais elles ne le savent même pas. Lorsque vous allez sourcer, vous devez le faire avec un prix cible. C'est-à-dire que je ne dois pas acheter mon produit à plus de X euros. C'est la plus grosse erreur que je rencontre

Vous ne devez pas vous dire « bon, si il me dit 20 euros, je vais payer 20 euros ». Ben non, à 20 euros, tu n'es pas rentable. Tu fais du bénévolat. Donc, il faut vous dire que quand j'y vais, je ne dois pas acheter mon produit à plus de 6 euros, parce que je dois le vendre à tel prix. Il faut prendre tous les coûts directs et indirects inhérents à tout ça.

Dans le cahier des charges, vous devez le mentionner parce que lorsque vous mettez votre pricing sur le cahier des charges, ça fait aussi un écrémage chez les fournisseurs. Celui qui vous répond, ça veut dire qu'il sait faire à votre prix. Ça vous permet de pouvoir être rentable sur votre produit par la suite.

On a l'impression de faire du mal aux compagnies, et pas de faire du mal aux clients, en mettant un prix juste. Mais vous faites du mal à votre entreprise et finirez par faire du mal à vos clients. Un produit qui aurait pu l'aider, va finir par ne plus l'aider parce que votre entreprise va finir par fermer, en voulant réduire votre marge et vendre moins cher.

Le dernier piège à éviter, c’est plutôt quelque chose qu'on ne fait pas, mais lorsque vous consultez un fournisseur et qu’il vous dit « je ne sais pas faire », ne dites pas « ok, merci d'avoir répondu ». Non. Comme on l'a dit, l'industrie, c'est un réseau, les gens se connaissent. « Est-ce que vous connaissez quelqu'un qui peut faire ? »

J’ai bossé avec des fournisseurs comme ça. « Vous connaissez quelqu'un dans votre réseau qui sait faire ? Ah oui, contactez untel de notre part ». Déjà, vous avez passé trois filtres et vous êtes sûr que le contact est fiable et clair. En plus, si vous arrivez avec un bon cahier de charges, vous avez passé tous les filtres pour bosser avec le fournisseur.

Les fournisseurs, s'ils ne savent pas faire, ils ne vont pas gagner d'argent avec vous. Ils vont vouloir donner à leur collègue pour qu'il gagne de l'argent parce que lui aussi, plus tard, quand il ne saura pas faire, il va refaire la même chose. Donc, ça, c'est vraiment une astuce. Faites-le, vous allez voir que ça fonctionne très bien.

C'est un monde qui fait peur, parce qu'on a l'impression que c'est très gros, très fermé. Mais si vous voulez vraiment y aller et faire quelque chose de bien, ils vont vous aider, ils aiment bien enseigner, ils aiment bien apprendre aux gens. N'ayez pas peur. Et il y a les experts de la Boîte à Fournisseurs qui sont là. N'hésitez pas à poser des questions.

Le mot de la fin : quelle est la chose la plus importante à retenir ?

Epingle Article Trouver des Fournisseurs

Si vous devez retenir une information, c'est préparez-vous. Vraiment, préparez-vous au maximum, allez vous informer. Sachez déjà ce que vous voulez pour être bien préparé le jour où vous allez faire des demandes de fournisseurs et du coup, amener aussi une image, une vision. Faites tout pour être crédible devant un fournisseur.

La taille, oui c'est important. Mais il y a des très petites entreprises qui font du très bon travail. O n'a même pas l'impression que ce sont des petites entreprises. Parce que le boulot est bien fait, ça répond bien, le service client est là. Parce qu'ils se sont dit, on va arriver sur un marché, on va être sérieux.

Il y a des fournisseurs parfois, qui ne savent pas que derrière une marque, il y a une seule personne devant son ordinateur. Parce qu'on leur a envoyé un cahier de charges, le design du packaging, la com est carrée avec le message, la proposition de valeur… Ils savent ce qu'ils veulent. Ça, c'est le bonheur.

Donc, ne soyez pas trop pressés pour vous lancer trop vite sur un produit. Il faut que vous ayez le temps de le préparer et d'arriver au moins avec une base solide. Avec cette base, les fournisseurs vous aident au mieux parce qu'ils connaissent mieux le marché que vous. Ils pourront vous aiguiller sur ce qui est à faire et sur ce qui n'est pas à faire.

J'ai le cas actuellement sur de la cosmétique. Je suis arrivé chez un fournisseur et il nous a dit, non, en fait, je peux te proposer ça, qui va faire en sorte que la matière première, au lieu d'extraire 60 à 70 %, si tu utilises ce produit, tu auras 90 % des propriétés de la matière et ça va avoir l'effet escompté sur le produit. Mais si je n'avais pas fait tout ça et si j'étais arrivé comme un touriste, je n'aurais pas eu toutes ces infos-là.

Où retrouver Paul de la Boîte à Fournisseurs ?

Vous pouvez le retrouver sur :

Site Pro : https://laboiteafournisseurs.com

Instagram : https://www.instagram.com/pauldelbaf/

Un grand merci à Paul pour cet échange passionnant 🤗 J’espère que vous avez pu obtenir tous les conseils dont vous aviez besoin concernant le sourcing de vos créations artisanales et que vous allez pouvoir les appliquer dès maintenant !

💬 Quel est le conseil que vous allez pouvoir mettre en place dès aujourd’hui, pour votre recherche de fournisseur ? N’hésitez pas à nous partager vos retours en commentaires ! Et si vous avez d’autres questions, nous serons ravies de vous répondre !

 

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